Le smartphone comme posemètre
Les appareils argentiques sont tendance. Souvent, ils n’ont pas de posemètre, ou bien leur cellule défaille. La solution ? Une application de smartphone pour mesurer la lumière. Elle remplace efficacement un posemètre avec quelques précautions.

Les marques Hasselblad, Leica ou Rolleiflex font rêver les amateurs d’appareils argentiques 24×36 ou 6×6. En grand format, ce sera une Linhof Technika ou une Arca Swiss. Bien souvent, ces appareils ne possèdent pas de posemètre. Un boîtier numérique, équipé d’une cellule fiable, saura calculer les réglages d’exposition. Mais c’est une solution encombrante et qui manque de spontanéité. Un posemètre indépendant Gossen, Kenko (qui a repris la gamme Minolta) ou Sekonic garantit une mesure fiable sans alourdir le sac photo.
Applications pour smartphone
Aujourd’hui, nous possédons tous un smartphone. Donc tout propriétaire d’un modèle fonctionnant sous iOS ou Android peut télécharger gratuitement ou pour quelques euros une application qui transforme son téléphone en posemètre. Grâce à l’appareil photo intégré, l’application dédiée calcule l’exposition en fonction de la lumière mesurée. Reste que la justesse de la mesure nécessite quelques vérifications préalables pour éviter de mauvaises surprises.
Parmi les applications disponibles, nous avons pris en main myLightMeter Pro, car son développeur David Quiles l’a décliné tant pour iOS que pour Android (sous le nom de LightMeter). L’application fonctionne tant en lumière réfléchie qu’en lumière incidente.
Nous l’avons comparé aux mesures d’un flashmètre-posemètre Minolta Flash Meter VI (dont les équivalents les plus récents sont les Kenko KFM 2100 ou 2200) et d’un appareil photo Nikon D850. Le posemètre Minolta a vingt ans, mais ses mesures sont tout aussi fiables que le modèle phare de Sekonic L-858D.
Étalonnage
La mesure de la lumière réfléchie est la plus facile à effectuer, car elle ne demande aucun accessoire. Il suffit de diriger son smartphone vers le sujet, comme si on prenait normalement une photo. L’application affiche le champ mesuré. En fonction des appareils employés, on peut zoomer ou non dans le champ. Sur un iPhone SE, c’est impossible, au contraire d’un Oppo Reno8 Pro. Mais sur le premier, l’interface Classic peut permuter en Pro et une zone précise du champ peut être sélectionnée pour la mesure. Champ large ou resserré, la mesure est de type moyenne.
Avec l’iPhone SE, les mesures effectuées sur des surfaces unies blanches ou grises sous-exposent de ⅔ d’IL (ou EV) par rapport à celles enregistrées avec le posemètre Minolta ou avec le Nikon D850 en mode de mesure spot. Avec l’Oppo Reno8 Pro, elles surexposent de 2 IL (ou EV). L’application permet de compenser ces écarts, dans une gamme de -1 à +1 IL (ou EV) pour la version iOS et -5 à +5 IL (ou EV) pour l’Android. Il est donc très important d’effectuer une comparaison entre les mesures du smartphone et celles d’un posemètre indépendant.
Mesure incidente
La mesure de la lumière incidente est une fonction essentielle des posemètres indépendants. Un dome diffuseur est placé devant la cellule photosensible du posemètre. Le posemètre est placé près du sujet et le dôme est dirigé vers l’appareil photo. Il mesure ainsi l’éclairement au niveau du sujet. Pour un smartphone, aucun dôme n’a été pensé par les fabricants de téléphone. Quelques concepteurs d’applications comme Lightray en proposent un, mais il est conçu pour des applications de luxmètre et non de photographie. Luxi ne produit plus le sien pour le moment. Le Lumu Power 2 du Slovène Lumu n’existe qu’en connexion Lightning Apple. myLightmeter Pro suggère de couper une boîte translucide de cartouche de film 135 et de l’insérer sur le téléphone.
Une mesure de comparaison avec un posemètre indépendant en mode incident s’impose donc afin d’évaluer la correction nécessaire. Mais cette correction varie en fonction de la position de la boîte de film sur l’objectif du smartphone. A défaut d’un dôme, rappelons qu’une mesure effectuée sur un carton gris 18% éclairé uniformément donne la même valeur qu’une mesure en lumière incidente. Quoi qu’il en soit, en lumière incidente, rien ne vaut un vrai posemètre. Et pour revenir aux appareils argentiques dépourvus d’une cellule, considérons tout de même que le coût du film et du développement, ainsi que le temps passé à attendre le résultat, méritent l’investissement dans un accessoire de mesure plus fiable qu’un téléphone, fût-il smart.
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Texte et photos : Philippe Bachelier, professeur de Techniques d’impression à Spéos