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Profils de correction d’objectif

Profil d’objectif

L’objectif parfait n’existe pas. Les aberrations chromatiques et géométriques déforment les images. Les logiciels de correction optique les rectifient dès la prise de vue ou en postproduction.

Aberrations chromatiques et géométriques

Quel objectif est sans défaut ? Aucun. Quand on se penche sur son fonctionnement, deux types de problèmes apparaissent : les aberrations chromatiques et les aberrations géométriques.
Les premières provoquent des franges colorées, surtout visibles dans les coins de l’image. Elles sont dues à la dispersion de la lumière blanche réfractée et de sa décomposition en plusieurs couleurs. Les secondes créent une distorsion de l’image, le plus souvent en barillet (apparence convexe) ou en coussinet (apparence concave).

Parfois, la distorsion prend la forme d’une moustache, avec une déformation en barillet en son centre et en coussinet sur ses bords. Les aberrations géométriques sont plus fréquentes sur les zooms que sur les focales fixes : on passe du barillet en grand angle vers le coussinet en téléobjectif. S’ajoute à ces défauts le vignettage qui assombrit les bords de l’image, surtout visible à pleine ouverture.

Correction logicielle

L’idéal est un objectif sans aberration ni vignettage. Mais son prix serait stratosphérique. La fabrication d’un objectif est un compromis entre l’idéal et ce que l’on peut corriger efficacement grâce au traitement logiciel des images. Les aberrations sont corrigées dès la prise de vue ou plus tard en postproduction grâce à la modélisation des aberrations optiques. Les programmes appliquent des corrections spécifiques à chaque focale (ou distance focale s’il s’agit d’un zoom), pour chaque diaphragme, en fonction de la distance de mise au point. Ils suppriment automatiquement les franges de couleurs indésirables et les déformations.

À la prise de vue

Ces vingt dernières années, les fabricants d’objectifs et de boîtiers ont peu à peu intégré des corrections aux fichiers JPEG et Raw. Quand on enregistre en JPEG, l’image est automatiquement corrigée. En Raw, elle conserve ses aberrations, mais le profil intégré permet d’afficher l’image rectifiée. Olympus et Panasonic, en format 4:3, intègrent un profil de correction.

Profil boîtier-objectif

En postproduction, la plupart des logiciels de traitement d’image proposent des profils de correction pour chaque combinaison d’appareil et d’objectif. DXO intègre depuis 2004 des corrections adaptées à des couples boîtier-objectif. Les mises à jour sont régulières et les performances optimisées. Les concurrents ont suivi, notamment Adobe qui intègre en 2010 une correction optique automatique dans Camera Raw 6.1 et dans Lightroom 3. Capture One 7 l’ajoute en 2012.

Corriger avec discernement

Les corrections automatiques éliminent donc les aberrations chromatiques, les distorsions et le vignettage. Les premières devraient être systématiquement appliquées, car les franges sont le plus souvent gênantes, mais les distorsions et le vignettage ne dégradent pas forcément l’image. Un sujet sans ligne droite (un portrait, par exemple) peut rester tel quel. Et le vignettage peut fermer l’image avec intérêt. C’est une question de jugement personnel.

Profils intégrés et postproduction

Quand les profils intégrés par les appareils pour le format Raw (Olympus et Panasonic en 4:3) sont reconnus par Lightroom et Camera Raw, Adobe ne fournit pas de profil sur mesure. Dans le panneau de correction de l’objectif, le”i” d’information indique alors que le profil intégré est appliqué. Il en va de même avec les Raw des Fujifilm X ou Leica Q. Ce qui n’empêche pas de compléter l’ajustement en mode manuel si le profil intégré laisse apparaître un peu de distorsion. Si Lightroom avertit “Impossible de trouver automatiquement un profil correspondant” (ce message s’affiche parfois), le profil est en fait appliqué.

DXO ne tient pas compte des profils intégrés par les appareils. Il applique ses propres profils, qui sont plus performants que les profils intégrés. DXO peut conserver l’image non corrigée. On constate alors les distorsions extrêmes des focales courtes en 4:3 et le recadrage inévitable dû à la rectification des lignes.

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Sans profil de correction, l’image peut montrer une déformation très prononcée, notamment avec les objectifs grand-angulaires. Avec un profil approprié, les lignes sont d’équerre. Profil DXO dans DXO PhotoLab 6. Olympus EM5, objectif 12 mm f/2.

1/ Profil Lightroom
Lightroom propose des profils de correction pour la plupart des objectifs du marché de la marque des boîtiers (notamment Canon, Nikon ou Sony) ou de fabricants indépendants. Ils sont réalisés par Adobe. Ici, le profil de l’objectif Nikon24-70 mm f/2,8 pour le Nikon D850.
2/ Profil Lightroom intégré
Lightroom utilise le profil de correction intégré au fichier Raw pour les objectifs 4:3, Olympus et Panasonic. Un message indique “Profil d’objectif intégré appliqué”.
3/ DXO sans profil spécifique
Si Lightroom intègre automatiquement le profil intégré au fichier brut, DXO PhotoLab propose les versions avec et sans correction. En mode manuel, l’opérateur peut ajuster les distorsions en barillet, en coussinet ou de type fisheye. Mais pas la forme de moustache.
4/ DXO avec Profil spécifique
En version automatique basée sur le module optique DXO, PhotoLab utilise un profil spécifique fondé sur la combinaison boîtier + objectif. La correction est instantanée et vient à bout des distorsions irrégulières. Les lignes du sujet retrouvent leur rectitude d’origine.
5/ Grille de vérification
Les logiciels de traitement d’image disposent d’une grille pour vérifier la rectitude des lignes. Dans le module de développement de Lightroom, on sélectionne Affichage > Incrustation de loupe > Grille. La touche Ctrl (PC) ou Cmd (Mac) commande la taille et l’opacité de la grille.
6/ Affinement manuel
Le profil intégré ou le profil du logiciel de postproduction, comme ici dans Lightroom, peut s’affiner manuellement en complément. Si l’on constate une distorsion persistante malgré la correction automatique, la déformation en barillet ou en coussinet reste ajustable.

Texte et photos : Philippe Bachelier, professeur de Techniques d’impression à Spéos

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