/ /

Flouter les arrière-plans trop nets

Les flous d’arrière-plan montrent parfois des transitions tranchées en raison d’un effet de blooming. Un floutage local de ces zones apporte une cohérence visuelle à l’image.

Un film et un capteur enregistrent les hautes lumières différemment. C’est d’autant plus visible avec des zones très lumineuses avoisinant des parties sombres. Sur du film, la lumière se diffuse. Les hautes lumières s’étalent progressivement dans l’émulsion.

Blooming

En numérique, la surexposition crée un effet d’éblouissement ou de blooming. Les photosites saturés par un éclairement trop intense génèrent des électrons excédentaires, lesquels débordent sur les photosites voisins.

L’effet de halo produit par l’excès de lumière s’arrête plus nettement sur un capteur que sur un film. C’est en raison de la structure discontinue d’un capteur par rapport à un film dont les halogénures d’argent constituent un enchevêtrement continu. Le blooming est un artefact parasite qui crée une zone de netteté incohérente avec le flou environnant. Il distrait.

Correction de l’éblouissement en postproduction

Pour pallier ce phénomène de blooming à la prise de vue, des filtres de diffusion sont employés depuis des décennies dans le cinéma. Ils créent un halo progressif sur les sources de lumière spéculaires d’une scène, réduisent les imperfections et les rides des visages.

En postproduction, Lightroom ou Photoshop offrent des outils aux effets similaires pour générer des halos, flouter une zone spécifique. Mais quand l’image présente plus ou moins de bruit, le floutage lisse celui-ci. Une discontinuité de structure apparaît entre la partie floutée et le reste de l’image.

L’ajout de bruit présent dans les réglages locaux de Lightroom est inefficace sur une zone préalablement floutée. Cet ajustement, s’il avait été possible, aurait permis de fondre le floutage dans le reste de l’image. Photoshop s’avère la solution.

Flou gaussien ou goutte d’eau

Dans Photoshop, plusieurs solutions permettent de flouter une partie de l’image à partir de la zone à modifier. Notre préférence va à la duplication de l’arrière-plan (Cmd+J sur Mac, Ctrl+J sur PC, tout en cliquant sur l’arrière-plan).

Afin de pouvoir revenir sur la quantité de flou appliquée, le calque est transformé en objet dynamique dans un premier temps (Filtre > Convertir pour les filtres dynamiques), puis on applique le filtre de flou gaussien (Filtre > Flou > Flou gaussien…) qui floutera l’ensemble de l’image.

L’ajout d’un masque sur le calque (Calque > Calque de fusion > Tout masquer) cache l’effet de flou.
Il suffit de peindre au pinceau dans le masque sur la zone trop nette pour que le réglage n’apparaisse qu’à cet endroit.

Ajout de bruit

Si l’image de départ présente du bruit, le lissage devient artificiel. L’effet de lissage est par exemple visible sur des tirages de grand format. En appliquant un peu de bruit sur la zone lissée, on fond parfaitement les parties floutées avec le bruit natif de l’image.

Le filtre Filtre > Bruit > Ajout de bruit en répartition gaussienne monochromatique. Le bruit agit uniquement sur la zone floutée grâce au masque. Son apparence est dosée par rapport au bruit du reste de l’image.

Apprendre à utiliser Lightroom et Photoshop

Vous avez envie d’apprendre à utiliser Lightroom et Photoshop ? Spéos propose différentes formations de photographie professionnelle en 1 an, 2 ans, 3 ans, pour se former, se perfectionner et se spécialiser en photographie professionnelle.
Les formations longues permettent de maîtriser toute la technique et le vocabulaire photographiques (effet de flous, zone de netteté, profondeur de champ, contre-jour, focale, temps de pose, autofocus, grand-angle, règle des tiers, etc.), mais aussi toutes les étapes de shooting et de traitement d’image.

> Quelle formation photo est faite pour vous ?
> Découvrez les raisons de choisir Spéos

Les globes de lumière de l’arrière-plan montrent des contours nets alors que l’environnement immédiat est flou en raison de la grande ouverture du diaphragme. Un floutage s’impose pour redonner une cohérence à l’ensemble de l’arrière-plan.
Leica M9, Summarit 50 mm f/2.5 ED, 1/350 s à f/4, 800 ISO.
1/ Zone nette
L’effet de “blooming” ou d’éblouissement génère des contours nets à la périphérie des lampes de l’arrière-plan, pourtant située dans une zone de flou, en raison de la faible profondeur de champ restituée par une mise au point rapprochée et une ouverture de f/4 (objectif 50 mm).
2/ Zone floue
Si l’on observe l’arrière-plan à côté des lumières, les flous sont bien dégradés. Le panneau “A LA RENOMMEE” peut être pris comme zone de référence pour doser le flou qui devra être apporté aux lumières situées dans le coin supérieur gauche.
3/ Copie de l’arrière-plan
Le floutage sera effectué sur une copie de l’arrière-plan. Un masque permettra d’appliquer le flou sur une zone spécifique.
4/ Conversion en filtre dynamique
Le calque est transformé en objet dynamique (Filtre>Convertir pour les filtres dynamiques ou en effectuant un clic droit sur le calque). Il sera donc possible de revenir à tout moment sur les différents réglages des filtres.
5/ Flou gaussien
Un flou gaussien est le filtre idéal pour apporter le flou adéquat aux lumières (Filtre > Flou > Flou gaussien…). Un effet de lissage du bruit est cependant inévitable. On le corrigera en dernière étape.

6/ Masque
Le flou doit apparaître sur les globes de lumière. Un masque noir est associé au casque (Calque > Masque de fusion > Tout masquer) pour annuler l’effet du flou sur l’ensemble de l’image. Au pinceau, du blanc est appliqué dans le masque à l’endroit des globes.

7/ Ajout du bruit
Le lissage produit par le flou génère un aplat artificiel au regard du bruit natif des 800 ISO du fichier original. Le filtre>Bruit>Ajout de bruit en répartition gaussienne monochromatique restitue le bruit initial. Sa quantité se cale sur le bruit situé en périphérie.

Texte et photos : Philippe Bachelier, professeur de Techniques d’impression à Spéos

Publications similaires