Comment photographier de nuit
La photographie de nuit est une discipline photographique méconnue et souvent sous-exploitée. Et pour cause, la base du langage photographique étant la lumière, comment faire quand celle-ci vient à manquer ? C’est tout le paradoxe de la photographie nocturne. Il existe pourtant de nombreuses scènes à photographier après ou avant le lever du soleil.
La nuit offre un cadre unique pour la photographie : des lumières scintillantes de la ville aux ombres mystérieuses de la campagne, en passant par les ciels étoilés, il existe une multitude de sujets à disposition des photographes qui s’exercent à capturer l’obscurité.
La photographie de nuit se retrouve au carrefour de nombreuses disciplines photographiques. En effet, à la nuit tombée, la photographie urbaine, d’architecture ou de rue prennent une toute nouvelle dimension. Si le ciel est dégagé, on peut également s’essayer à la photographie astronomique.
Photographier cette atmosphère à travers l’objectif d’un appareil photo, c’est le travail du photographe de nuit.
Techniques d’exposition nocturne pour des résultats saisissants
La principale particularité de la photographie de nuit est la faible quantité de lumière naturelle à disposition. C’est un point crucial qui rebute de nombreux photographes, mais avec l’aide de quelques techniques d’exposition, il est tout à fait possible de capturer l’éclat nocturne.
Pour saisir pleinement la magie de la nuit, il y a trois paramètres à considérer : la sensibilité ISO, l’ouverture de diaphragme et le temps d’exposition (vitesse d’obturation). Ce sont les trois paramètres principaux qui contrôlent l’exposition d’une image. La relation entre ces trois paramètres est ce qu’on appelle communément en photographie. : « Le triangle d’exposition ».
La sensibilité ISO : la sensibilité ISO mesure la capacité du capteur de l’appareil photo à capturer la lumière. Augmenter la valeur des ISO permet donc au capteur de capturer plus de lumière dans un laps de temps plus court. Une bonne astuce pour compenser le manque de lumière !
Attention cependant, car des valeurs ISO plus élevées vont rendre l’image plus lumineuse, certes, mais elles peuvent également introduire du bruit (grain) dans la photo. En photographie, le terme « bruit » fait référence à la présence de pixels indésirables, qui donnent une apparence granuleuse à une image. Il peut affecter la qualité globale de l’image en réduisant la netteté et la clarté.
Pour éviter ce problème, mieux vaut ne pas utiliser la sensibilité ISO automatique, car elle peut parfois choisir des valeurs trop élevées. Il est préférable d’opter pour le mode manuel en commençant par une sensibilité ISO basse (100-400) puis augmenter la sensibilité progressivement si nécessaire.
L’ouverture du diaphragme : également appelée f-stop, l’ouverture de diaphragme est le réglage qui permet de contrôler la quantité de lumière qui entre dans l’appareil photo. Il est donc indispensable d’en connaître les subtilités quand on commence en photographie de nuit. Le terme « f-stop » est un nombre qui représente le rapport entre la focale de l’objectif et le diamètre de l’ouverture. Un nombre f-stop plus petit (par exemple, f/1.4) indique une ouverture plus large, permettant à plus de lumière d’atteindre le capteur de l’appareil photo. À l’inverse, un nombre f-stop plus élevé (par exemple, f/16) représente une ouverture plus petite, laissant passer moins de lumière. En photographie nocturne, on utilise en général une ouverture maximale comprise entre (f/1.4, f/2.8) pour permettre à plus de lumière d’atteindre le capteur.
Cependant, combiner avec une sensibilité ISO élevé peut entraîner des compromis au niveau de la profondeur de champ. Le mieux est alors d’expérimenter avec différentes valeurs d’ouverture pour trouver le bon équilibre entre la quantité de lumière nécessaire et la profondeur de champ souhaitée.
La vitesse d’obturation : en photographie de nuit on va choisir une vitesse d’obturation comprise entre 1 seconde et plusieurs secondes, en fonction de la luminosité ambiante et de l’effet que l’on souhaite obtenir. Une vitesse d’obturation plus lente permet à plus de lumière d’atteindre le capteur. Ici encore, l’utilisation d’une vitesse d’obturation lente a des conséquences directes sur l’image. Une exposition plus lente augmente le risque de flou de mouvement, qu’il soit dû aux tremblements de la main ou au changement de position du sujet photographié. Il faut donc bien prendre en compte ce paramètre avant d’augmenter le temps d’exposition. Le flou de mouvement peut être perçu comme un défaut esthétique à la photographie, mais on peut également en jouer de manière créative pour capturer des traînées de lumière, comme les feux de circulation ou les étoiles par exemple. Cela peut donner des résultats très artistiques et une atmosphère particulière à la photo de nuit.
Ces ajustements subtils permettent d’obtenir des résultats saisissants et de mettre en lumière l’éclat nocturne dans des conditions de faible luminosité.
Éclairage urbain et naturel dans la photographie de nuit
Une fois le triangle d’exposition maîtrisé, on sait comment pallier le manque de luminosité, mais pour obtenir des clichés de qualité de nuit il faut également se pencher sur la composition. Et pour ce faire, on a besoin d’éclairage. En effet tout l’enjeu de la photographie nocturne est de trouver des sources de lumière.
L’exploration des quartiers urbains permet de découvrir de nombreuses sources lumineuses artificielles. Les fenêtres éclairées, les enseignes lumineuses et les lampadaires sont autant de sources d’éclairage variées. Le travail du photographe de nuit est de jouer avec les lumières urbaines pour créer des reflets, des ombres et des jeux de lumière qui ajoutent de la profondeur à ces photographies.
Il peut par exemple choisir de photographier des sujets spécifiquement éclairés par des sources artificielles. Cela permet de mettre en valeur le sujet dans le contexte de la lumière naturelle environnante. Il peut également composer avec les effets de traînées lumineuses créées par le mouvement des voitures, des personnes ou d’autres sources lumineuses en mouvement. Ce qui va ajouter du dynamisme à la composition. Jouer avec l’éclairage urbain permet ainsi de créer des compositions visuellement riches et évocatrices.
D’un autre côté, le photographe de nuit peut aussi utiliser les lumières naturelles à disposition. La lune, les étoiles, le crépuscule produisent une lueur naturelle douce et enveloppante qui permet d’éclairer subtilement les sujets de la photographie. Le meilleur moment pour ce faire est ce qu’on appelle les heures bleues. Juste après ou juste avant le coucher du soleil, la lumière douce de ces heures bleues produit une lumière douce qui se marie bien avec l’éclairage urbain.
C’est en alliant la lumière artificielle et naturelle que les photographes de nuit ont l’occasion de capturer les scènes les plus complexes et visuellement intéressantes.
Post-traitement spécifique à la photographie nocturne
Après la maîtrise du triangle d’exposition et l’exploration de l’éclairage urbain, vient le temps de sublimer le tout avec un post-traitement adapté, pour renforcer encore davantage l’ambiance mystique de la nuit.
Le post-traitement en photographie de nuit nécessite une approche délicate pour tirer le meilleur parti de chaque image. Il s’agit d’ajuster subtilement différents paramètres pour atteindre l’effet visuel souhaité, tout en préservant l’atmosphère nocturne capturée lors de la prise de vue.
Comme évoqué précédemment, en photographie de nuit on a souvent recours à des ISO élevés pour compenser le manque de luminosité. Ceci peut entrainer du bruit numérique qu’il est possible de réduire à l’aide des logiciels de post-traitement.
Il en va de même pour le contraste et la luminosité. En ajustant les niveaux de contraste et de luminosité, on peut optimiser les détails dans les zones d’ombre sans influer sur les zones lumineuses, ce qui permet de donner plus de profondeurs aux images. Les photographies de nuit ont souvent une ambiance particulière, avec des jeux de lumière et d’ombre qui peuvent créer des scènes mystérieuses, dramatiques ou simplement captivantes. L’action du post-traitement permet d’ajuster l’exposition, d’intensifier les tons nocturnes, pour sublimer l’ambiance mystique de la nuit.
À cela on peut également ajouter des effets créatifs en jouant sur le flou, les textures ou des tonalités spécifiques pour rendre le résultat de la prise de vue encore plus saisissant.
Que ce soit en ville sous les lumières urbaines ou dans des endroits isolés sous un ciel étoilé, la nuit offre des perspectives uniques qui révèlent une dimension différente et captivante du monde qui nous entoure en journée. La photographie de nuit offre un espace artistique riche et diversifié, permettant aux photographes d’explorer leur créativité tout en relevant le défi technique associé à la faible luminosité.
En combinant des techniques d’exposition nocturne, l’utilisation habile de l’éclairage urbain et naturel et en appliquant un post-traitement spécifique, l’obscurité devient un terrain de jeu propice à la création d’images aussi éblouissantes qu’originales.
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